Leloup se moque de nous
par David Desjardins
dans VOIR, 31 août 2008
Critique

Quoi? Ça, un concert? Une fête? Un pow wow? Une farce, plutôt. Mais elle n’a rien de drôle. Surtout lorsqu’on a, comme une bonne part du public, dans le début de la vingtaine, et que c’est le premier concert de Leloup auquel on assiste. Avec les attentes que cela sous-tend quand on connaît le génie créateur du bonhomme et qu’on a pu écouter ce dont il était capable avant de mourir une première fois. Car samedi soir, au Colisée Pepsi, Leloup s’est à nouveau fait hara kiri. Intro d’amateur, jam sessions interminables, danseurs aux chorégraphies qui au mieux avaient l’air de parodies amérindiennes, paroles escamotées, chansons tronquées, ou cruellement mises à mort devant public, Leloup n’avait visiblement aucune envie d’être là. Il ne lui aura pas fallu vingt minutes avant qu’il vitupère, qu’il se plaigne du public trop criard à son goût… Même son groupe, mené par Steve Hill, avait l’air gêné d’être là. Jamais assisté de ma vie à un concert aussi médiocre. Rarement vu un artiste mépriser son public à tel point. Au bout d’une heure et demie de cette indécence, nous en avons eu assez et sommes partis. Ce qu’une bonne part du public aurait sans doute aussi fait si elle n’avait pas payé si cher sa place, si elle n’avait pas espéré tout au long que l’hurluberlu retombe enfin sur ses pieds. Les autres, plus excités, tentaient sans doute de se convaincre qu’ils passaient du bon temps, qu’ils ne s’étaient pas fait avoir. En revenant, je songeais à Dylan. À la mise à mort successive des différents personnages qu’il a incarné, à ses performances moins qu’approximatives pendant de longues années. Puis à son retour en grâce, inespéré. Mais pour le moment, difficile d’envisager Leloup autrement qu’à travers le prisme de l’incompréhension et de la colère. Fuck, il se moque de nous.
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Dernière mise à jour le 5 septembre 2008.
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