Jean Leloup patte de velours
par Félix Légaré
dans Voir, 14 juin 1990
Entrevue

« Maintenant ça va être simple. On va me demander quand je sors mon nouveau disque, si je suis content et je vais répondre oui. Ça va devenir ennuyeux de voir que je suis quelqu'un de normal...»

On est assis dans un café, le matin et Jean Leloup m'a lancé ça en avalant un espresso. Juste un. Signe que le gars change de rythme, sans toutefois perdre son ironie. En culotte courte, l'air détendu, il s'exprime presque lentement. Façon de parler. En une heure, on parle de millions d'affaires: le désir d'écrire, les idées qui pleuvent, les excès et les pulsions qu'on ne vit pas assez, le vertige du pouvoir devant les foules etc. Ses idées n'ont pas changé, mais un exil printanier au Brésil lui en a replacé quelques-unes.

«Avant de partir, criss, j'ai pété mes guitares. Dix ans sans voir le soleil, j'en pouvais plus.» En revenant, son groupe, La Sale Affaire, l'attendait pour une brassée de lavage. Il en a remercié la moitié, gardant les deux Européens, Patrick Pelenc (bassiste) et Alex Cochard (guitare) et a engagé deux nouveaux, Yves Desrosiers (guitare) et François Lalonde (batterie).

- On devient plus business?

«Non. Mais c'était trop "destroy", l'automne dernier. Je voulais rien savoir, j'avais une belle attitude "Fuck the world", c'était cool. Mais ce qu'on faisait était trop chargé. Je me demande comment je pouvais sortir de mes shows sans maux de tête. Maintenant, je fais du rock'n'roll plus assis, proche des Stones ou de Gainsbourg à ses débuts. Tu vas voir, sur disque c'est 50 000 fois plus heavy qu'avant, mais en show je suis moins speed et plus porté sur la mise en scène.»

Leloup dompté et raisonnable? Ça reste à voir. On aura une partie de la réponse le 17 juin au Café Campus. L'autre ressurgira au lancement de l'album. Il le sait, après tout le mal qu'il a dit du premier, le foutu deuxième a besoin d'être bon. C'est ce qu'on saura en août prochain.

À la fin de l'entrevue, il est sorti en oubliant de payer. Voilà qui me rassure: il n'a pas encore sombré dans l'honnêteté et le civisme... Voir calendrier Rock.

Photo Jean-François Leblanc / Agence Stock: Jean Leloup: "En show, je suis moins speed et plus porté sur la mise en scène."

Merci Alex!

MCC, LTC
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Dernière mise à jour le 15 février 2005.
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