Le fera, le fera pas... Allez donc savoir. Avec Jean Leloup, on peut s'attendre à absolument tout. Lorsqu'il vous raconte qu'il a troqué son haut de forme traditionnel pour des bobettes, parce que ça coûte moins cher, il est probablement sérieux. «Pire encore, d'ajouter le rockeur, je me suis rasé le corps d'un bout à l'autre pour avoir l'air d'un nageur olympique.»

Si Jean Leloup le dit, c'est qu'il le fera.

Et les gens de l'Outaouais seront parmi les premiers à le vérifier puisqu'il sera de passage à Hull, ce soir, dans le cadre de la tournée Rock le lait. Une tournée provinciale qu'il a entreprise hier soir, à Trois-Rivières, en compagnie de Vilain Pingouin et France D'Amour.

Non pas que Sieur Leloup aime le lait.

Ceux qui le connaissent savent bien que le rockeur a plutôt une tête à téter un biberon de bière ou de cognac. «Mais la présence d'un commanditaire aide à faire les choses en grand, explique l'artiste. On peut faire des grosses salles sans niaiser entre chaque show, dit-il. Le lait, d'habitude, c'est pour les lendemains de la veille.» Mais avant de se pointer le museau sur une scène, l'enfant terrible du rock québécois a tenu à mettre les points sur les «i». «Ceux qui s'attendent à des boum kaboumka tout le long du spectacle seront déçus», dit-il. Parce que Jean Leloup n'est plus l'enfant terrible qu'il était.

«C'est trop facile de s'appeler ainsi au Québec. Tout ce qui se fait comme musique ici est pas mal «sweet» à mon goût.»

Un vieux vicieux

Après deux ans d'absence des scènes québécoises, il s'est tranquillement métamorphosé en «vieux vicieux». Son dernier album, qui doit sortir en novembre, promet d'être un reflet assez fidèle de cette transformation. «Je me suis rapproché d'un gros feeling. Avec l'âge, mes textes sont plus méchants, plus vicieux», dit-il.

Leloup a décidé de déverser son fiel sur l'horreur que lui inspire l'humanité en composant Le Monde est à pleurer.

«Les dieux se rassemblent et décident de prendre un coup au nom de l'humanité», explique le chanteur. Il n'épargne pas, non plus, les obèses qui, dit-il, ont de la misère à se regarder dans le miroir. Il s'attaque aussi aux familles de banlieue, à ces gens qui passent leur vie à travailler pour se payer un horrible bungalow, pour se retrouver avec des enfants qui ne veulent plus les voir.

Bref, Leloup a choisi d'être méchant et d'enrober ses textes d'une musique qui reflétera mieux son agressivité face aux banalités de ce monde.

«Je voulais que ma musique ait ce gros feeling sale. Un style ben blues, plus intense, plus surréaliste, mais pas plus engagé qu'avant, sauf pour le feeling.»

Ce qui est certain, c'est qu'il fait tout à sa tête. Une attitude qui plaît aux adolescents qui, quelque part se reconnaissent en lui. Les Français aussi aiment bien Jean Leloup, si on en juge par le succès qu'il a remporté en France depuis deux ans, juste après la sortie de 1990.Le rockeur déplore seulement que les vieux rechignent sur les «drums».«J'aimerais ça rejoindre plus de vieux, dit-il. Le problème c'est que les gens confondent sagesse et tristesse. Les 30 ans et plus ont oublié ce que c'était que de vivre dans leur corps. Ils sont dans leur tête et ils n'arrivent plus à en sortir.»

Mais qu'importe, Leloup et sa bande, La Sale Affaire, n'ont pas l'intention de pleurer longtemps sur le sort des vieux.

«J'men fiche en autant que je ne devienne jamais comme eux», dit-il, en jurant de ne pas épouser sa blonde avant l'âge de 70 ans.

Et en attendant d'atteindre l'âge de raison, il s'est mis à l'écriture de nouvelles absurdes qui devraient, espère-t-il, être publiées un de ces jours.

Jean Leloup, Vilain Pingouin et France D'Amour prendront d'assaut l'aréna Robert Guertin de Hull, ce soir, à 20 h.

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