Le Cabaret du Saint-Cyrille ferme ses portes
par Jean Doyon
dans Le SorelTracy Magazine, 26 octobre 2005
Article

26 octobre 2005 - C'est avec beaucoup de peine que l'on apprenait jeudi midi, que le célèbre Cabaret du Saint-Cyrille, situé au 40, rue du Roi en plein coeur du vieux Sorel, fermera ses portes samedi prochain le 29 octobre, lors d'une soirée que l'on pourrait appeler « retrouvailles ». « Samedi, je veux que tout le monde viennent se remémorer des souvenirs de ces huit merveilleuses années du Cabaret ! », lançait Denis Castilloux, propriétaire du Cabaret.

On ressentait beaucoup de tristesse de la part du couple propriétaire du Cabaret, Lorraine Rochon et Denis Castilloux, qui voient 8 années d'efforts et d'acharnements disparaîtrent le temps d'une soirée. Même que la semaine dernière, il y avait un espoir de peut-être sauver le Cabaret, alors qu'un investisseur s'était pointé le nez à la dernière minute. Mais, sans succès.

Ce sont Richard et Louis Bibeau, propriétaires du Cactus Café qui deviendront les nouveaux propriétaires de la bâtisse, et qui prendront possession des lieux. « On a été dans l'incapacité de trouver le financement pour le rachat de notre créance. Donc, les créanciers de la bâtisse ont demandé à avoir soit les sous immédiatement, ou de récupérer la bâtisse. Ça s'est soldé par la récupération du Cabaret. À l'exception de la rentabilité, nous avions quand même réussi plusieurs de nos objectifs, entre autres on avait réussi à rayonner à l'extérieur de notre région, en plus d'avoir une bonne réputation dans le milieu de la scène musicale jusqu'à Montréal. Il y eut plus de passion que de gestion finalement, puisque tous nos profits ont été réinvestis dans la bâtisse. »

Ce qui est très malheureux, c'est qu'encore une fois, une scène où se produisait des musiciens d'ici et d'ailleurs va encore disparaître du centre-ville et de notre région. Les propriétaires avaient réussi à créer une ambiance particulière, rappelant le vieux Montréal, à certains égards. Une clientèle musicale de blues, de jazz et même de rock. Un endroit intime, bref, une grande déception pour l'auteur de ces lignes. Quelle commotion !

On ne connaît pas la direction que prendront les nouveaux propriétaires pour gérer le St-Cyrille, mais on parle d'une extension au Cactus Café, bien que ce ne soit que spéculatif pour le moment.

Denis Castilloux et Lorraine Rochon se donnent jusqu'aux fêtes pour réfléchir à leurs avenirs. Et lorsque l'on demande à Castilloux ce qu'il fera ensuite ? Il répond, « Tant que j'ai ma tête et mes deux mains, dort tranquille je vais me débrouiller ! », et c'est probablement ce qui va arriver, connaissant Denis. « Les huit dernières années ont été accaparantes, mais dans le bon sens. Ce fut un plaisir et un bonheur de tout faire cela. Avec de l'argent, je recommencerais demain matin. »

Castilloux croit que la culture est mal en point dans la région. Il en avait long à dire au sujet de la culture dans notre région et des intervenants locaux. « Il y a très peu de questions qui se posent sur le milieu culturel et son impact, mais tout le monde en parle. Et ceux qui en parlent, n'ont pas d'expérience ni de backgrounds pour pouvoir en parler. Il me semble qu'il faut écouter les gens, parce qu'il y en a des offres, il y a des solutions qui ont été présentées. Mais on se force à ne pas les voir, parce que ça va demander une charge de travail plus grande. Pourtant, on devrait capitaliser le dessus. Tout est là, infrastructure, clientèle, artistes (théâtre, musique, danse, etc...) pourquoi ne pas en profiter ? »

Avant de devenir cabaretier, Denis Castilloux était champion de course d'accélération de moto, dans l'Ouest canadien et aux États-Unis. « J'avais besoin de nouveaux défis et je faisais de la mécanique depuis l'âge de 15 ans. Je suis arrivé à Sorel pour partir une entreprise de cellulaire, et par la suite, j'ai eu le premier Café Internet en haut du Bistro. Ensuite, on a acheté l'ancien Cyrille Labelle pour installer le Café Intenet et avoir une grosse bâtisse, mais principalement en fonction de gérer un immeuble et de le louer. Mais la passion nous fit prendre une nouvelle direction. »

Le premier spectacle au Saint-Cyrille a eu lieu le 19 décembre 1998, avec Jean-Guy Moreau et son spectacle « Le chum à Céline », et le dernier a été lundi dernier avec Martine St-Clair au Studio 101 de CJSO. Les plus beaux souvenirs de Denis Castilloux ? « Il y en a plusieurs, Michel Cusson, un show bien impressionnant, le coup qu'il a donné ce soir là, mémorable. Beaucoup d'émotions au spectacle de Karen Young, j'ai vu des gens pleurer ce soir-là, être étonné de ce qu'ils entendaient. Jean Leloup est probablement le show le plus surprenant alors que l'on craignait le bonhomme et ses légendaires réactions. Finalement, ce fut l'un des plus gros shows, il l'a dit lui même d'ailleurs.»

On n'a qu'à penser aussi à David Usher, qui avait failli faire sauter le Saint-Cyrille, le chouchou de la place, Steve Hill, qui a presque structuré sa carrière à cet endroit. Même chose pour Bob Walsh et que dire de Suzie Arioli, Plume Latraverse, Les Respectables, Shawn Phillips, Carl Tremblay, Kashmir et encore plus... Sans oublier, bien entendu, la surprise de l'année, alors que Linda Lemay est venue faire un spectacle gratuitement cet été, après ses noces, et qui s'était terminée à 4h15 du matin.

C'est une page d'histoire qui est lourde et qui sera très difficile à tourner !

Site Internet : http://www.st-cyrille.com
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Dernière mise à jour le 1 août 2006.
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