Du grand Leloup
par Nicolas Houle
dans Le Soleil, 28 novembre 2009
Critique

(Québec) C'était l'heure des retrouvailles avec Jean Leloup, hier, à l'Impérial. Des vraies. Des mémorables. Devant une foule conquise d'avance, l'artiste s'est pointé avec un show explosif et dynamique, à la hauteur de son vaste talent.

Ce n'était pas Jean Leloup, le personnage, qui était sur scène, mais plutôt ses interprétations. Pas de longs jams discutables, ni de délire verbal pouvant miner le rythme du spectacle : les chansons étaient à l'honneur, remodelées comme seul Leloup sait le faire, livrées avec aplomb et précision.

C'est qu'il était en forme, le Jean. Bien en voix, les doigts pinçant adroitement sa six cordes. Exit les microbes qui l'ont forcé à reporter des spectacles prévus à Trois-Rivières et au Saguenay...

Tout de noir vêtu, un chapeau vissé sur la tête, il multipliait les sourires et les pas de danse, sans perdre sa concentration. De rares pauses ne lui servaient qu'à griller des cigarettes, que sa Fender fumait par la suite, tandis qu'il jouait.

À ceux qui scandaient son nom en attente du début du spectacle, il a servi une Old Lady Wolf aussi savoureuse que funky, avec juste ce qu'il fallait d'improvisation contrôlée. Dans la foule, des feux de Bengale s'illuminaient un peu partout dans les mains des fans. Oui, en quelques minutes, The Wolf avait enflammé la salle. Que ce soit avec les nombreux titres du récent Mille Excuses Milady ou avec ceux de ses albums précédents, le chanteur avait le don de soulever ses admirateurs, jeunes (ils étaient majoritaires) et moins jeunes.

À ses côtés, les très compétents Alain Bergé (batterie), David Mobio (claviers) et Charles Yapo (basse) ont fait un sacré bon boulot, parfaitement synchro avec le leader, sachant doter chacun des titres d'un groove irrésistible. Les Fourmis, où l'on passait du reggae au rock, avec des crescendos efficaces, ont fait lever le toit, tout comme Le Paradis perdu, terriblement bien senti, ou encore La plus belle fille de la prison, impeccable.

Leloup a relancé la deuxième partie avec le même aplomb, se présentant comme un vieux bluesman qui se laisse attirer au micro par une jeune femme sexy. Son Edgar l'aura rajeuni d'un coup. Quant à Lucie, où notre homme paraissait en transe, elle était l'occasion de dialoguer avec la foule, dont le chant lui servait de choeur. La liste des réussites pourrait s'allonger encore, avec La Chambre ou Sang d'encre...

Ce n'est qu'au terme du show que Leloup s'est véritablement adressé au public, le temps de le remercier ou, après le rappel, pour constater que, devant un accueil aussi chaleureux, il n'était pas «sorti du bois». Il avait raison, on lui a réclamé un ultime rappel 10 minutes après la fin officielle de la représentation.

Au terme d'un spectacle d'un tel calibre, pas un fan n'osera lui tenir rigueur pour son controversé pow-wow de l'an dernier. Du grand Leloup - qu'on pourra revoir ce soir, à l'Impérial.

Photo Le Soleil, Renaud Philippe: Tout de noir vêtu, Jean Leloup multipliait les sourires et les pas de danse, sans perdre sa concentration. De rares pauses ne lui servaient qu'à griller des cigarettes.
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Dernière mise à jour le 28 novembre 2009.
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