Jean Leclerc, le seul, le vrai, l'authentique
par Daniel Côté
dans Le Quotidien, 28 septembre 2006
Entrevue

Au Saguenay pour la promotion de "Mexico".

Leloup? Leclerc? Dead Wolf? Depuis qu'il a lancé l'album "Mexico", il y a deux semaines, l'artiste-connu-précédemment-sous-le-nom-de-Jean-Leloup a beaucoup glosé là-dessus. Tellement, en fait, que son changement de nom est sans doute le plus connu depuis que Prince a cessé de se faire appeler Prince (on commençait juste à s'habituer quand le génial nabot est revenu sur sa décision, il y a quelques années).

Le danger avec ce genre d'histoire, c'est de perdre de vue l'essentiel. Or, Jean Leclerc - c'est le nom qui figure sur la pochette - vient de sortir un album important. Pour lui, pour le public et pour tous ceux qui essaient de vivre de leur musique. Le fait qu'il se soit donné plusieurs années pour le créer et qu'à la manière des grands, il ait pu concilier simplicité et originalité, brillance et accessibilité, importe davantage que sa signature du moment (ajoutons seulement que pour les autographes, c'est Dead Wolf).

Fier, mais pas arrogant, courtois et plus structuré qu'on ne l'imagine, Jean Leclerc s'est d'abord attardé à la photographie qui orne le nouveau CD. On le voit en compagnie d'une beauté western portant sabre et pistolet, une image qui a été captée par un photographe de son quartier. "Il est âgé de plus de 80 ans et fait surtout des mariages. J'ai demandé à une "chum" qui est danseuse de venir dans son studio pour incarner une femme qui vient de tuer son mari", relate le chanteur.

Ce personnage, c'est l'héroïne de la chanson titre. Après avoir éliminé son conjoint qui la violentait, elle part pour le Mexique avec ses enfants. C'est là qu'apparaît son ami, le type qu'on voit sur la photo. Comme c'est le cas sur plusieurs plages de "Mexico", Jean Leclerc lit plus qu'il ne chante ce texte très direct. Pourquoi? "J'écoute beaucoup de rap et de hip-hop. En plus, quand une chanson raconte une histoire comme celle-là, chanter, c'est comme sucrer le sucre. C'est plus efficace quand le texte reste plus modeste", avance-t-il.

Les vertus de l'autonomie

On le croyait tanné d'écrire des chansons, mais ce n'était pas ça, le problème. Ce qui paralysait Jean Leclerc, c'était l'idée de sortir un disque, faire une tournée, puis recommencer jusqu'à ce qu'il perde sa voix ou ses fans. La "run" de lait, en somme. Ce cycle imposé par l'industrie lui pesait, d'où sa décision de former sa propre compagnie et d'enregistrer à son rythme. Ce choix aussi a contribué à la réussite qu'est "Mexico".

"Depuis que j'ai laissé tomber tout ce qui est "mononcle" dans l'industrie, j'ai plein de nouvelles idées. J'ai écrit un livre et j'ai produit une cinquantaine de chansons", fait valoir Jean Leclerc. Il croit aussi dur comme fer que le fait d'avoir tourné le dos à ses vieilles compositions a eu un effet libérateur. "Quand on veut faire une nouvelle toile, on ne peint pas sur les anciennes. On prend une toile blanche", image le chanteur en donnant l'exemple des Rolling Stones.

"Ils chantent toujours leurs vieilles tounes en spectacle, mais ce n'est pas parce que le monde aime ça qu'il faut le faire. C'est pour ça qu'on les qualifie de dinosaures, parce qu'ils sont au bord de la glaciation. On commence à exister quand on ne s'asseoit pas sur ses lauriers", estime Jean Leclerc.

Tant qu'à faire dans l'autonomie, il a jugé bon d'enregistrer l'album tout seul, ou presque. L'idée de recourir à des musiciens professionnels qui se contentent de "puncher" le rebutait tellement qu'il a appris, entre autres, à se débrouiller à la batterie. "C'est comme si on avait deux gars musclés qui ne tireraient pas du même bord. Ce sera toujours moins bon que deux petits qui tirent ensemble", décrit l'auteur de "Mexico".

Il l'aime, son disque, et n'écarte pas l'idée de le faire vivre sur scène, pour peu que les conditions soient réunies. Interpréter ses nouvelles chansons, soit, mais pas avec n'importe qui. "Je rencontre des gens, présentement. Je veux voir s'il y a des affinités. Dans un an ou deux, si on a du "fun", si j'arrive à monter un "band" de coeur, on préparera un spectacle qu'on pourra présenter 20 ou 30 fois", laisse entrevoir Jean Leclerc.

Photos Jeannot Lévesque: ALBUM - Jean Leclerc, alias Leloup, alias Dead Wolf vient de sortir un album, "Mexico", qui constitue l'un des faits saillants de la rentrée culturelle.
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Dernière mise à jour le 19 octobre 2006.
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