Leloup joue au cowboy
par Alexandre Vigneault
dans La Presse, 26 novembre 2002
Article

Le bruit courait depuis septembre que Jean Leloup s'acharnait sur la suite des Fourmis, mais on n'osait pas y croire. Pourtant, dans exactement une semaine, son nouvel album mystérieusement intitulé La Vallée des réputations apparaîtra sur les tablettes des disquaires. Après avoir longtemps joué les rockeurs déjantés, l'imprévisible Leloup ressort de sa tanière déguisé en cowboy solitaire. Son cheval est imaginaire, mais son penchant pour le country est bien réel.

L'imprévisible chanteur a passé l'été à travailler sur son cinquième disque et l'automne à le peaufiner. En tout, il aura passé quatre mois intenses sur cet album qu'il fait paraître sur sa propre étiquette -Roi Ponpon- en association avec Audiogram, boîte à laquelle il est associé depuis Menteur, publié en 1989. «Je n'aime pas toujours consulter plein de monde avant de choisir, expliquait-il, hier, lors d'un entretien dans un café du Mile-End. J'ai envie de tout décider et de tout choisir moi-même.»

La Vallée des réputations compte 14 chansons principalement axées sur la guitare acoustique de Leloup, puis enjolivées par ses complices Adam Chaki et Alexis Cochard à la guitare électrique ou au dobro. Enregistré «presque live pour la beauté du geste, contre la froideur», comme il est indiqué dans le livret, l'album respire la spontanéité et le plaisir.

Le chanteur a aussi réalisé un vieux rêve en jouant avec des musiciens africains -deux Ivoiriens, Namori et Charles Yapo, et un Sud-Africain, Kevin de Souza. Voilà sans doute pourquoi on a chuchoté cet automne que l'auteur de I Lost My Baby préparait un disque plutôt reggae, voire qu'il se payait un trip africain. Mais c'était oublier qu'avec lui, un plus un donne rarement deux...

Dans les circonstances, il ne faut pas non plus s'étonner que le «country» de Leloup déborde généreusement du cadre. Dans des chansons comme Voilà, Ballade à Toronto ou Je suis parti, son propos est simple, sans être aussi direct qu'une chanson de Hank Williams. Dans Paradis perdu ou Les Remords du commandant, il retrouve son goût pour les fables imagées dont lui seul a le secret. «Ça fait trois ans que je travaille les chansons, pour les simplifier. Ç'a l'air de rien parce que ça coule, mais c'est du travail en maudit», dit Leloup qui, n'ayez crainte, n'a rien perdu de sa sensibilité pop ni de son envie de rocker.

«Je suis de moins en moins compliqué comme personne», assure-t-il. Après avoir passé plusieurs années à jouer les vedettes -et à aimer ça- Leloup revient à l'essentiel de son métier: une guitare, une voix, des mots et des copains musiciens. Les détails (croustillants!) samedi dans ces pages.

Photo PC. Jean Leloup lors du dernier Festival d'été de Québec.

(Article original)


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Dernière mise à jour le 26 novembre 2002.
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