Queensryche-De la rue Papineau au Forum...
par Alain de Repentigny
dans La Presse, 19 octobre 1991
Brève

Les modes sont cycliques, c'est bien connu. Le rock des années 70 -honni, malmené et noyé définitivement par la vague punk il y a 15 ans- refait joyeusement surface depuis quelque temps. Qu'on pense, entre autres, aux Black Crowes et aux London Quireboys qui ont récupéré le rock musclé du début des années 70. Ou encore à Queensryche qui ressuscite le plus méprisé des courants des années 70: le rock progressif, un genre ambitieux... et trop souvent pompeux avec lequel seul le groupe canadien Rush avait osé flirter depuis. Un entêtement payant puisque Rush n'a jamais été aussi populaire qu'aujourd'hui.

Il fut un temps où le rock progressif était le plat préféré du public québécois qui se vantait d'avoir «découvert» avant tout le monde les Genesis, Gentle Giant et autres groupes phares du genre. Drôle de hasard, c'est à Montréal que Geoff Tate, le chanteur de Queensryche a trouvé en partie son inspiration pour l'avant-dernier album du groupe de Seattle, Operation: Mindcrime. Un album concept, comme de raison.

«Nous nous étions arrêtés à Montréal pour un spectacle et j'avais bien aimé la ville, nous expliquait Tate, récemment. Après la tournée, j'y suis revenu et j'ai vécu dans un logement de la rue Papineau pendant huit mois. J'ai écumé les bars de la rue Saint-Denis, j'allais souvent au Saint-Sulpice...»

Quand je lui demande ce qu'il a retenu de son séjour ici sur ce disque, Tate n'est pas très précis: l'ambiance révolutionnaire, le Parti québécois (!)... Puis, il ajoute qu'il s'est également inspiré d'un séjour à Amsterdam pour créer certains des personnages d'Operation Mindcrime comme Sister Mary.

La musique avant l'image

Queensryche en est à sa première tournée comme tête d'affiche, grâce surtout au succès de son dernier disque Empire, qui figure au palmarès depuis plus d'un an, et de la ballade Silent Lucidity. Pour la première fois, il a suffisamment de temps et de moyens pour mettre en scène Operation: Mindcrime dans son entité, et mêler le rock d'aréna à Broadway. Pour ce faire, il a d'ailleurs recruté un responsable des éclairages qui a longtemps travaillé avec Rush. On verra le résultat le 29 octobre au Forum.

À cause de son option musicale, Queensryche passe souvent pour un groupe britannique et c'est d'ailleurs en Angleterre qu'il a été le mieux accueilli à ses débuts -par le magazine Kerrang!, sommité en matière de rock lourd- et que son premier fan club a été mis sur pied. «Nous sommes définitivement américains, mais la plupart de nos influences sont britanniques», reconnaîtra Tate.

Il y a aussi que Queensryche se démarque d'un paquet de groupes heavy à paillettes qui pullulent plus au sud, à Los Angeles. «La plupart des groupes misent d'abord sur l'image, convient Tate. Ils exploitent un tas de clichés, comme la rébellion, l'indomptable jeunesse... Nous, on essaie de rester comme on est. À Seattle, nous avons eu l'espace nécessaire pour progresser tandis qu'à Los Angeles, les groupes doivent rentrer dans le moule. On veut que le public comprenne que nous ne sommes pas un groupe unidimensionnel. Nous aimons faire des expériences et prendre des risques et nous écrivons des chansons aussi variées que possible».

Parce qu'il a trimé dur pour en arriver là, Tate n'est pas plus indulgent envers les groupes qui se prennent pour des vedettes du jour au lendemain.

«Il faut que les nouveaux groupes gagnent du respect et de la crédibilité eux-mêmes, qu'ils se battent pendant des années, dit-il. Certains groupes qui n'existent que depuis une ou deux années croient que tout leur est dû. Après seulement deux ans, les Black Crowes affirment qu'ils ont gagné leurs épaulettes, mais ils ne connaissent rien et leurs influences sont trop évidentes. Le succès leur est monté à la tête; pourtant, ils ne sont qu'une imitation de Humble Pie. Mais ce sont de bons musiciens; avec le temps, ils apprendront à écrire de bonnes chansons...»

BLOC NOTES

Comme le fait le groupe Grateful Dead depuis des années, Metallica invite désormais ses fans à filmer et à enregistrer son spectacle. Sauf que, comme le 17 novembre au Forum, les inconditionnels qui voudront «pirater» le show du meilleur groupe heavy metal américain devront détenir un billet dans une section réservée pour eux, à l'arrière du parterre. Vous vous en doutiez, ces précieux billets ont vite disparu hier matin et, au moment où vous lirez ces lignes, il se pourrait bien qu'il ne reste plus un seul billet pour le spectacle de Metallica. Le groupe s'arrêtera également à Ottawa le 18 et à Québec le 19.

Les billets pour le spectacle de Rod Stewart au Forum, le 19 novembre, ont été mis en vente... discrètement, cette semaine. À ajouter au calendrier du Spectrum en novembre: Billy Bragg (le 12), Bruce Cockburn (le 19) et George Thorogood (les 22 et 23).

Le spectacle d'Halloween de Jean Leloup, le samedi 2 novembre au Spectrum, affiche complet et ses producteurs ont décidé de permettre aux moins de 18 ans d'assister également à son show de la veille. Il reste aussi des billets pour le show réservé aux «vieux», le 31 octobre, soir de l'Halloween.
page principale | articles: alphabétique | articles: chronologique | photos

Dernière mise à jour le 2 septembre 2003.
http://news.lecastel.org
Conception: SD