FrancoFolies: place à la télé
par Denis Lavoie
dans La Presse, 18 septembre 1989
Critique

Au lendemain de la tenue des premières FrancoFolies de Montréal qu'en reste-t-il? Du côté des artistes québécois, seul Jean Leloup avait quelque chose à prouver. Pour les autres, c'était une occasion de renouer avec le public, ce qui a été profitable à Louise Forestier et moins profitable à son compagnon d'antan, Robert Charlebois. Par trop nonchalant dans sa prestation aux FrancoFolies, il nous promet de faire mieux à la fin du mois au Club Soda. C'est à voir!

C'est surtout en raison de l'enregistrement des émissions qui seront diffusées par la suite à l'étranger par tranche de 30 minutes que les artistes québécois pourront se faire connaître. D'heureux lendemains à prévoir! Seul Jean Leloup ne profitera pas de cet avantage, mais comme il n'en était qu'à son septième spectacle; il aura d'autres occasions de faire montre de son talent. Il jouit déjà à ses débuts d'un bon public; c'est beaucoup.

Des huit soirées de deux spectacles, c'est à la soirée africaine que le public montréalais s'est montré le moins réceptif; on n'y dénombra que 360 spectateurs. La soirée antillaise n'a pas non plus soulevé la foule. Les Québécois ne sont guère enclins à apprécier ces rythmes exotiques, ma foi!

Le rock par contre passe très bien, celui des Français du groupe Noir Désir moins facilement, probablement parce qu'on le connaît trop peu, pour ne pas dire pas du tout. Celui de Pagliaro et de Richard Séguin nous est familier, déjà adopté et apprécié. Celui de Véronique Sanson séduit toujours les Québécois. D'autres artistes se trouvent dans des catégories bien à part, comme Édith Butler aux accents folkloriques et Jacques Higelin le communicatif.

Il y avait donc de la diversité, ce qui fait parfois problème, car le public d'une soirée est souvent spécifiquement là pour un seul des deux artistes qui se relaient sur scène. Ainsi Paul Piché a-t-il eu du mal à se faire accepter pour remplacer Maxime Le Forestier lors de la soirée d'ouverture; il n'était pas au programme.

Tout de même, nos artistes ont eu la chance de se retrouver devant leur public qui a su une fois de plus les apprécier et les ovationner. C'est donc l'image qu'on reverra d'eux à la télévision étrangère. C'est ce qu'Alain Simard, organisateur de l'événement, apprécie le plus. Il faut dire que lorsque Séguin chante aux FrancoFolies de La Rochelle, il n'a pas du tout cet enthousiasme du public, alors que Noir Désir fait fureur en France et reçoit un accueil mitigé à Montréal. Ce qui fait que les artistes étrangers n'y trouvent pas toujours leur compte.

C'est aussi ce qui prouve qu'il y a encore fort à faire pour que public et artistes se retrouvent sur la même longueur d'ondes. On ne peut d'autre part que se réjouir de la réussite d'artistes comme Jacques Higelin et Maurane. Pour cette dernière, les FrancoFolies de Montréal serviront à propulser sa carrière au Québec, estime Alain Simard. Son succès à cet événement rejoint en effet le succès qu'elle connaît sur disque.

Pour accueillir cette série de deux spectacles par soir pendant huit jours, il a fallu agrandir la scène du Spectrum et y installer deux consoles de son. Pour assurer la qualité des émissions qui y furent réalisées pour la télévision, on a eu recours à 400 lampes. Alain Simard rappelle qu'on a aussi fait l'acquisition d'un nouveau camion-studio, sans compter la fameuse caméra montée sur une longue perche. On appréciera les résultats dès le mois prochain à TV5 qui diffusera chaque semaine 30 minutes de ces spectacles.

Le public a eu droit à quelques surprises, heureuses quand Louise Forestier a chanté avec Charlebois après l'avoir fait avec Maurane, ou quand Marjo a fait son apparition; mais il y a eu aussi des moments décevants.

L'an prochain, les FrancoFolies se dérouleront en décembre, simultanément avec la tenue de CINARS, un événement qui réunit les vendeurs et acheteurs de spectacles. On espère ainsi attirer l'attention des Américains. «Après tout, New York n'est qu'à une heure d'avion», rappelle Alain Simard. Le représentant de la société des auteurs français, la SACEM, pense de même, ainsi que le créateur des FrancoFolies de La Rochelle, Foulkié, qui rêve d'amener les FrancoFolies à New York. C'est qu'on parle de plus en plus de globalisation de l'industrie du spectacle, surtout à l'aube du libre-échange. Simard parle aussi de «marché commun francophone».

Le fait que beaucoup de producteurs et journalistes français soient venus à Montréal pour assister à nos FrancoFolies donne davantage de poids à l'événement qui aura ainsi un retentissement à l'étranger.

Du côté des participants, Alain Simard n'a reçu que des commentaires enthousiastes tant de la part des artistes que des producteurs français, particulièrement impressionnés par la qualité de la salle de spectacle, le Spectrum, et par son excellente sonorisation. Les artistes français lui ont même demandé d'aller vite ouvrir un Spectrum à Paris. C'est vous dire qu'il faut souvent attendre l'avis des étrangers pour reconnaître qu'on sait parfois mieux faire les choses au Québec qu'ailleurs. Jacques Higelin en a lui-même témoigné en conférence de presse. Somme toute, Montréal ajoute un autre fleuron à sa fierté, celle d'être la ville des FrancoFolies.

CASSONADE

En s'en souvient comme du complice de Plume, mais il y a bien longtemps que Steve Faulkner, alias Cassonade, fait cavalier seul. Il n'a pas connu de grand succès, mais fait son bonhomme de chemin et quelques bonnes chansons. Il s'est même montré assez bon humoriste comme on a pu le voir à un Lundi Juste pour rire. Les 20, 21 et 22 septembre, il présente son spectacle dans la petite salle du Bistro d'autrefois, 1229 rue Saint-Hubert.

LA RELEVE

L'événement de la semaine se déroulera à Granby. Le 21e Festival International de la Chanson verra défiler, en plus des concurents aux semi-finales, du 21 au 24 septembre, quelques jeunes artistes étrangers à découvrir. La grande finale aura lieu plus tard. On vous parlera bientôt de l'importance de cette manifestation pour les jeunes qui aspirent à faire carrière, comme certaines de nos vedettes qui sont issues de ce concours: Joe Bocan, Fabienne Thibeault, Luc de Larochelière, Marie-Denise Pelletier, et Jean Leloup.

QUELQUES SPECTACLES

Jeunes et vieux groupes rock québécois sont au programme de la soirée de mercredi 20 septembre, au Café Campus. Les Taches et Les Jaguars nous promettent de brasser le jeune public de la boîte.

Celui qui devait s'avérer une découverte importante des FrancoFolies, l'enfant terrible de la relève québécoise, Jean Leloup, sera en spectacle dans les Laurentides, plus précisément aux Quatre Pianos, à Saint-Sauveur, les 22 et 23 septembre.

La grève des institutions d'enseignement a entraîné le report du spectacle que devait donner Alain Lamontagne vendredi dernier, au cégep Ahunstic. Il aura plutôt lieu le 22 septembre à 20h00.
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Dernière mise à jour le 10 mars 2003.
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