La force est avec Leloup
par Nora Ben Saâdoune
dans La Presse, 15 mai 1999
Critique

Peu d'artistes québécois, et peu d'artistes tout court, peuvent se vanter de ce détail : où qu'on soit dans une salle de 2000 personnes, il y a toujours quelqu'un derrière vous pour chanter les paroles, toutes les paroles. Attention ! Pas juste les hits, mais le répertoire au complet. Hier soir au Métropolis, Jean Leloup a fait la preuve qu'il faisait partie de cette catégorie très restreinte.

Leloup animal à part, objet unique et complètement atypique dans notre paysage musical, on a dit et répété la formule sous diverses formes. Mais force est de constater que chaque année qui passe confirme ce statut. Hier soir, l'attente était grande, la salle comble et fébrile, avec un public majoritairement dans la jeune vingtaine, venue fêter son héros. C'était le premier show d'une série "sold out" depuis belle lurette (sauf pour la date du 22 mai qui a été ajoutée hier ; quelques places resteraient pour le 20).

Leloup héros, emblème de sa génération, cela ne fait aucun doute, cela s'est encore confirmé hier soir. Leloup en fusion avec son public, en jouant comme il joue de son répertoire, le phénomène s'est encore répété. Après le concert de l'an dernier aux Francos qui avait laissé le souvenir à certains d'une impro un peu trop flyée, alors que "Les Fourmis" étaient en gestation, Leloup et son band offrent cette année une version bien plus maîtrisée.

Serait-ce grâce aux quelques concerts déjà donnés à Québec, Jonquière, Rimouski, Ottawa ? Ou plus sûrement l'effet d'un état d'esprit relax ? Le show donné hier était en parfait contrôle, par un Leloup et des musiciens très zen (toujours les mêmes excellents collègues au poste : Mark Lamb, guitare ; Alex Cochard, basse ; Alain Bergé, batterie ; Carl Bastien, nouvellement intégré aux claviers ; Monica Hynes et une nouvelle recrue, Annick Michel, aux choeurs).

Le show est un reflet de toute la carrière de Leloup, puisant autant dans les Fourmis : "Filles à canon", "La vie est laide ", que convoquant les hits : "1990", "Le monde est à pleurer", "Izabelle", etc. Et Leloup a cette générosité qui lui fait interpréter toutes ses tounes avec la même fraîcheur, le même allant, et la même hybridation dans les styles.

Une fois lancé, John the Wolf ne compte pas. Et s'il a pu paraître légèrement sur la réserve en début de show (malgré une intro drôlatique où il apparait sur vidéo lisant un extrait du livre de Bill Gates), la vitesse de croisière a été rapidement trouvée. "Izabelle", hymne fédérateur s'il en est, soulève pour de bon un public de toute façon complètement vendu. Mais c'est sur "Vampires" que la symbiose avec la foule se fait de la façon la plus marquante ; c'est elle qui chante, Leloup qui fait du lipsync et demande à pouvoir chanter. Un Leloup facétieux, qui entonne le refrain du "Temps des cathédrales" à la fin de "L'Étrangleur", en s'étranglant justement de rire dans le micro.

Bref, du grand Leloup, de la "déconstruction sonore", comme il dit, qui rend heureux. Comme il l'est visiblement.

Jean Leloup au Métropolis les 15, 16, 20, 21 et 22 mai. Complet, sauf les 20 et 22. Billets : 34,39 $. Info: 790-1245

Photo: Jean Leloup, visiblement heureux... / Jean Leloup a du plaisir sur la scène. Cela s'entend; cela se voit.
Photographe: Martin Chamberland, La Presse (c)

Note: republié le 16 mai 1999 en page B8 avec le titre "La force est aussi avec Leloup".
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Dernière mise à jour le 12 décembre 2004.
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