Faim de Leloup
par David Santerre
dans Cyberpresse.ca, 14 juillet 2001
Article

«Il est bizarre, je trouve ça cool...» Cette remarque lancée par Mylène, une jeune fan de Jean Leloup après son spectacle au festival Musique en vue de Cowansville, reflète bien ce que pense la majorité des inconditionnels du chanteur.

Il faut dire que le style qu'il se donne y compte pour beaucoup. Vêtu d'une cape en imprimés léopard et d'un chapeau de cowboy bleu pâle arborant l'inscription «freak» en paillettes argentées, Leloup est arrivé sur scène dans un brouillard teinté de rouge par les projecteurs.

La première chanson débute sur le champ par une espèce de complainte composée de hurlements démoniaques, de cris hystériques et de mimiques inhumaines de Leloup. La foule d'environ 2500 spectateurs en redemandait déjà.

Il est assez étonnant de voir comment un homme peut être assis, tout peinard en sirotant sa petite bière en attendant de monter sur scène, et devenir en quelques instants, un énergumène possédé par le démon de sa musique et de ses expérimentations sonores. C'est à se demander ce qu'il y avait dans son verre...

Coups de gueule

Il parle peu entre les chansons mais lorsqu'il ouvre la bouche, on est en droit de se demander quel esprit tordu peu se lancer dans un discours aussi décousu, incohérent et excentrique.

Il se permet même d'envoyer paître son public, qui lui renvoie la balle. «Vous êtes un public off!!!» a-t-il lancé aux spectateurs, question de leur envoyer un bon coup de pied au derrière pour les faire participer. À mon grand étonnement, la foule accepte cette gifle par des applaudissement encore plus retentissants.

«L'arrogance, ça fait partie de lui, il sait ce qu'il faut dire et son public le veut comme ça, raconte Steve avec fébrilité. Leloup, c'est un one man show, c'est un maître d'orchestre. Il a fait durer le plaisir, il a fait durer le show comme il fallait!» Seul bémol, à mon humble avis - peut-être suis-je vieux jeu: il a systématiquement massacré presque tous ses bons vieux classiques, en les étirant de façon interminable, avec un ramassis d'expérimentations de sons discordants et improvisés, mais tout de même bien exécutés.

Quelle ne fut pas ma déception lorsque j'ai entendu Alger ou encore La vie est laide complètement défigurées... Et quelques-uns de ces vieux classiques manquaient au programme. Il a été impossible d'entendre 1990 et I lost my baby, laquelle aurait sans doute souffert de l'absence de choristes.

Et je ne suis pas seul à penser ainsi. «J'aurais aimé qu'il joue un peu plus de ses vieilles «tounes». Il manquait 1990», lance Christine, visiblement restée sur son appétit.

«Bof, vous êtes un public correct. Merci, bonsoir», a conclu Jean Leloup vers minuit, après un seul rappel et un spectacle un peu court, moins d'une heure et demie.

Photo: Janick Marois

(Article original)


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Dernière mise à jour le 5 août 2001.
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