Hurlante Bête de scène
par Denis Lavoie
dans La Presse, 13 octobre 1989
Critique

Cris de rage rock, hier soir et jusqu'à samedi. C'est en effet sur un fond de musique vibrant jusqu'à l'extérieur les murs des Foufounes Électriques, que Jean Leloup à hurlé quelques-unes de ses chansons en cette première d'une série de trois spectacles marquant ses débuts officiels à Montréal.

Accompagné d'une excellente formation rock il est vrai, le chanteur a étouffé son auteur sur ce fond de rock fort.

Belle prestation dans l'ensemble, d'un jeune artiste qui surclasse définitivement tous les balbutiements des groupes rock québécois qui se cherchent encore après un an et même deux de tournées.

Bon enfant, Leloup a livré la marchandise promise, et bien amusé ses jeunes admirateurs qui ne demandaient qu'un son poussé au maximum. Dans l'étroitesse de la salle, ça voulait dire que l'air ambiant vibrait jusque dans vos chaussures. C'est vous dire comme on ne pouvait être insensible à l'effet sonore.

Une nouvelle chanson, fort intéressante, est apparue pour le rappel de circonstance. Agréable aussi à découvrir, car on a pu bien en comprendre les paroles. Quelques tounes en anglais se sont glissées dans le spectacle, mais pas trop, pour former un spectacle équilibré dans l'ensemble. Rien de spectaculaire, pas de longues envolées oratoires, mais une solide équipe de quatre musiciens au jeu bien carré qui vous jouent à une cadence effréné.

Soirée de défoulement d'énergie, de folle débandade. Je croyais voir un hybride de Brel et Jagger, les gènes du dernier tapant sur ceux du premier. Car où était l'artiste, l'auteur-compositeur-interprète qui se donne le mérite d'avoir au moins préservé ses textes, sur le disque qu'il répudie?

Mais passons, on a au moins pu en goûter quelques bribes et l'heure était plutôt à la défonce sonore. Pourvu que ça cogne les tympans et que ça fasse gigoter, la partie est gagnée. C'est tout ce que voulait Leloup, divertir et faire danser. Mission accomplie, à un train d'enfer, avec quelques arrêts pour souffler, la plupart des chansons tendres étant cependant en anglais.

Chose certaine, le bonhomme a du talent et répond bien aux attentes d'un jeune public en mal d'une idole à sa mesure, un bûcheron du rock qui ne fait pas de manière. Une carrière à suivre et qui promet, car Leloup à le vent dans les voiles et un public qui trouve en lui ce qu'il ne trouvait auparavant que dans les groupes anglais. Toute comparaison faite, Leloup est appelé à donner une voix québécoise à une musique qu'on a toujours cru ne bien s'exprimer qu'en anglais. Leloup ouvre-t-il la voie à une nouvelle ère rock qui ferait oublier le Charlebois d'il y a 20 ans?
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Dernière mise à jour le 19 décembre 2004.
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