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Lettre à Jean Leclerc
par Marc Cassivi dans La Presse, 10 novembre 2006 |
Article
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À la suite de la publication de la rubrique «À table avec...» de Marc Cassivi mardi dernier, Jean Leclerc a envoyé une lettre ouverte aux journaux mercredi. Dans cette lettre, il se dit «stupéfait de l'importance et du sérieux» accordés à ses propos sur les artistes de la relève comme Pierre Lapointe, Malajube et Karkwa. Jean Leclerc a aussi déclaré au Journal de Montréal «Mon opinion sur les bands, c'est pas important, ça ne vaut pas un article d'une demi-page». Notre chroniqueur répond ici au chanteur. J'ai lu le Journal de Montréal, hier. On m'y accuse implicitement de t'avoir dupé dans le cadre de notre entretien, publié mardi sous la rubrique «À table avec...» «Jean Leloup n'a pas aimé la façon dont ses propos ont été utilisés». Il «s'est prononcé sur la question (de la musique québécoise), un peu malgré lui». Il est «surpris» de ce «traitement», lui «qui après avoir passé quatre heures d'entrevue avec le journaliste ignorait que ses propos seraient ainsi rapportés». Jean, je ne suis pas seulement déçu, je suis furieux. On me fait passer pour un journaliste malhonnête, qui s'est servi de toi pour faire une job de cochon. Je ne l'accepte pas. Le thème de notre discussion a été décidé il y a longtemps, comme la forme de sa publication. J'ai averti ta collaboratrice il y a trois semaines que je voulais discuter de musique avec toi: de ce qui nous fait tripper, ce qui nous fait moins tripper, de ce que l'on pense de l'état de la musique québécoise, de l'industrie, etc. (ce sont les mots exacts de ma proposition). Je lui ai expliqué que notre discussion à bâtons rompus serait publiée texto dans le cadre de ma chronique «À table avec...» Je lui ai donné des exemples à lire. Vous avez accepté ma proposition. Lors de notre rencontre, j'ai pris la peine de t'expliquer à nouveau le contexte de l'entrevue. Aujourd'hui, je lis dans le Journal de Montréal, sous la plume d'une journaliste qui n'a pas pris la peine de vérifier ses informations, que de nos «quatre heures» d'entrevue, je n'ai retenu que tes déclarations sur la musique québécoise! C'était le but de notre rencontre! Nous avons passé deux heures et demie ensemble, pas quatre. J'en ai tiré une heure d'entrevue: 25 minutes sur la musique québécoise, 10 sur les baby-boomers, 10 sur ma vie ennuyeuse de chroniqueur, 15 sur des amis que nous avons en commun. L'heure et demie qui reste, je l'ai passée à te regarder composer une toune en studio (sans qu'on n'échange la moindre parole). Que pensais-tu que j'allais écrire? Hier, tu voulais «rectifier le tir» dans un autre journal. Aujourd'hui, c'est mon tour. Je ne t'ai berné d'aucune façon. J'ai cru naïvement que tu pensais ce que tu disais, et que tu disais ce que tu pensais. Je constate que ce n'est pas toujours le cas. Or, il n'y a aucune interprétation à donner à notre conversation. Ne viens pas me faire pleurer sur la vieille rengaine: «Mes propos ont été pris hors contexte.» C'est faux et ce n'est pas digne de toi. La chronique que tu désavoues aujourd'hui, nous l'avons rédigée ensemble: parce que tu es reconnu pour ton franc-parler, parce que tu as des choses intéressantes à dire et parce que je croyais que tu avais le courage de tes opinions. «Le Québec, c'est le royaume de la non-opinion», déclarais-tu la semaine dernière. Tu ne croyais pas si bien dire. Photos: Jean Leclerc, Marc Cassivi |
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10 novembre 2006.
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