Leloup et le rave improvisé
par Richard Labbé
dans La Presse, 10 août 1997
Critique

On l'attendait, ce Rave d'une nuit d'été. Ces derniers jours, les branchés du milieu ne juraient que par ce spectacle surprise, présenté vendredi soir au Sona. LE gros show des FrancoFolies (sic), clamaient les uns. Le début d'une nouvelle ère aux Francos, clamaient les autres. Balivernes. Vendredi soir, ce Rave d'une nuit d'été aura été semblable à la plupart des spectacles du genre : beaucoup de bruit, bien peu de substance.

Concert fort attendu, donc. La raison? La présence du groupe Mr. Sunshine et de Ludvig Von The Wolf. Le loup en question, bien sûr, était Jean Leloup, accompagné de cinq musiciens. On attendait Leloup et sa meute à 23 h. Prévision optimiste ; Leloup est plutôt apparu vers minuit dix. Que serait un rave sans la traditionnelle heure et quart de retard?

Tout cela a plutôt bien débuté. Leloup semble en forme. Il se roule par terre, gesticule à gauche et à droite, suit parfaitement la cadence. Et, surprise, il y a des guitaristes dans la place. Deux, pour être précis. Sans compter Leloup, qui enfile une Les Paul à l'occasion. Tant pis pour les puristes du techno...

On le sait, qui dit rave dit transe. Voilà pourquoi le groupe n'arrête pas, enchaîne les rythmes techno, tente d'hypnotiser le public du sombre Sona. Pendant ce temps. l'écran vidéo crache images et messages sans arrêt. Les ravers se font aller et les fans de Leloup, eux, ne saisissent pas vraiment. Ils croyaient peut-être entendre les Isabelle et autres I Lost My Baby, mais non.

Après une demi-heure, il est clair que tout cela ne va nulle part. Le programme est improvisé et faible, malgré ces parcelles de flamenco, de rock psychédélique et de trip-hop. On entend à peine Leloup au micro, résultat d'une sono fort approximative. La formule improvisée a ses limites, et la bande à Leloup nous le démontre très bien. Plusieurs spectateurs n'en peuvent plus et se dirigent vers la sortie ou une autre salle. Fait chaud, en plus. Des petits Gatorade à 3,50 $, il faut en avaler plusieurs...

Leloup, lui, disparaît et réapparaît de façon régulière. Plus le «spectacle» avance, et plus on réalise que la présence de Leloup n'apporte strictement rien. Outre ce petit sursaut d'énergie au départ, Leloup se contente de regarder ses gars, de hurler des trucs tout à fait inintelligibles au micro, et de tourner le dos au public.

Le bruit arrête vers 1 h 30. Silence dans la place. Quelques dizaines de spectateurs réclament un rappel qui ne viendra pas. Le duo Juicebox s'installe alors derrière les platines, afin de marteler l'auditoire avec ses rythmes décapants. Les habitués du Sona envahissent la piste de danse... les autres quittent sur-le-champ. Déçus. Et pressés de retrouver leur lit.

Photo Alain Roberge, La Presse: En répétition la semaine dernière, Jean Leloup avait «annoncé» plus que ce qu'il a livré vendredi soir au Sona.

Merci Alex!

MCC, LTC
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Dernière mise à jour le 6 mars 2005.
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