Un disque tout éparpillé
par Philippe Rezzonico
dans Le Journal de Montréal, 16 septembre 2006
Critique

Première évidence à l'écoute de Mexico, Monsieur Jean n'a pas perdu la main. Tant au plan musical que pour ce qui est des propos, les anciens admirateurs de Leloup, qui risquent fort d'être les actuels fans de Leclerc, devraient y trouver leur compte.

Un peu comme la chanson-titre mise en ondes il y a quelques semaines l'indiquait, Leclerc est plus près du groove que du rock. Globalement, on est plus proche de l'intention de Cookie que de celle de Nathalie.

Beat vaguement hip-hop pour Ice Cream, petite rythmique qui évoque Walk On the Wild Side pour Tangerine, reggae incontestable pour Horrible Fool, ballade mélodique années 1950 avec L'Innoncence de l'âme et instrumentale digne de Pulp Fiction par l'entremise de No Money No Home: au plan musical, Leclerc s'éparpille dans toutes les directions.

Rayon textes, la phrase "C'est ça l'erreur, exactement" (tirée de Le Malheur), est un clin d'oeil à "Sous le soleil, exactement", de Gainsbourg, tandis que les titres Personne I, L'Église, Mes Amours mortes, Jarneton et Gringoire ainsi que Everybody Wants To Leave sont toutes livrées en forme narrative à des degrés divers, un procédé que Leclerc semble affectionner plus que Leloup. C'est dernière (sic) chanson est d'ailleurs plutôt vitriolique.

Has been et wannabe

"Everybody Wants To Leave, c'est une chanson pour les wannabe, les name dropers, dit Leclerc. Les gens que tu rencontres et qu'au bout de cinq minutes, tu connais tous les gens connus qu'ils connaissent: Moi, j'ai rencontré le producteur Untel, il y avait de la business, le meilleur chum de Uma Thurman, je m'en vais travailler avec tel studio. C'est toujours extraordinaire. C'est big! C'est merveilleux! Et au bout de 10, 20 ans, il n'y a jamais rien. Pendant que ces gens-là parlent, tout le monde veut s'en aller."

Pour un disque que l'on pourrait qualifier "d'album de retour" ou de "compact de la renaissance", Leclerc nous parle pas mal de mort et de violence: femmes qui assassinent leur mari violent (Mexico), macchabée qui disserte à voix haute sur les couples qui se tapent dessus (Personne I et Personne II), gars saouls (Le Malheur), suicide (Tangerine), etc.

"C'est vrai qu'il y a de la mort en masse. Ça commence dark, surtout au début de l'album"

Pouvait-il en être autrement? Après tout, Jean Leloup est mort, lui aussi.
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Dernière mise à jour le 23 septembre 2006.
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