Savamment imprécis!
par Benoît Arsenault
dans Impact Campus, 10 octobre 2000
Critique

Pendant trois jours la semaine dernière, Jean Leloup, véritable monstre sacré de la scène musicale québécoise, nous offrait au Capitole de Québec quelques représentations de son plus récent spectacle. Las des concerts à grand déploiement, le chanteur voulait donner à sa nouvelle tournée une ambiance plus intimiste... Mais on ne renie pas si facilement la machine qui nous a si longtemps nourri!

Bien entendu, il ne s'agissait pas du spectacle le plus perfectionné du monde: une mise en scène décousue, une feuille de route qui n'était que partiellement respectée, un Jean Leloup qui se trompait et qui faussait... Bref, Monsieur Leloup s'est donné les moyens de se permettre une certaine spontanéité.

Mais il est difficile pour un artiste bien ancré dans le monde du showbusiness québécois de trop s'écarter d'une certaine norme. Un spectacle présenté au Capitole se doit tout de même de conserver un certain décorum. Aussi, sentait-on qu'une main invisible empêchait le chanteur de trop déraper.

Si Jean Leloup se permettait de temps à autre d'inverser l'ordre des chansons prévues au programme, il ne s'attaquait jamais à la structure d'ensemble de son spectacle. En gros, le concert était découpé en blocs musicaux de trois types bien distincts: accoustique, pop et «progressif».

Les deux parties du spectacle débutaient par une prestation accoustique, pendant laquelle Jean Leloup, guitare en main, était seul devant le public. Interprétant de nouvelles chansons plutôt salées, ajoutant un peu de sexe dans ses ballades bien connues du public, Jean Leloup a réussi à recréer, dans un salle aussi grande que le Capitole, une sorte d'ambiance de boîte à chansons. Visiblement, il s'y sentait à l'aise et s'amusait, se laissant même aller à parodier Luc Plamondon. Le public réagissait à la perfection, riant et criant comme si seulement une cinquantaine de personnes se trouvaient dans la salle.

Un bloc plus pop, pendant lequel Jean Leloup a repris différents succès comme Nathalie, Berta et Isabelle, a su enthousiasmer la foule lors de la seconde partie du concert. Le temps de quelques chansons, on retrouvait le ton qui avait fait le succès de Jean Leloup à l'époque de L'amour est sans pitié.

Mais Jean Leloup a nettement une préférence pour un genre beaucoup plus «progressif», celui qu'on retrouve en fait sur ses derniers albums (Le dôme et Les fourmis). La moitié du concert consistait en des chansons interprétées d'une manière très vaporeuse. Moins emballants au départ, les blocs progressifs du spectacle contenaient des pièces inutilement étirées, pendant lesquelles Jean Leloup «trippait» de longues minutes sur sa guitare. Bref, exactement le genre de performance qui amuse plus un artiste que son public.

Mais le spectacle, dans son ensemble, reste tout de même fort intéressant. Loin du minimalisme promis, le spectacle n'en demeure pas moins sympathique: Jean Leloup, surtout durant les blocs accoustiques, laisse l'impression de participer au même party que son public. Quant à ses écarts de conduite et ses imprécisions, disons qu'on a l'habitude!

Photo: Nathalie Douville


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Dernière mise à jour le 11 octobre 2000.
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