Jean Leloup plus insolent que jamais
par Nadia Gaudreau
dans L'Acadie nouvelle, 4 août 2003
Critique

Caraquet - Sans merci ni bonsoir, Jean Leloup a laissé bien amèrement ses fans Sur la route de Toronto. Comme dans la chanson, Leloup a abandonné son public en chemin, sans les mener à bon port.

La soirée de samedi a débuté dans une ambiance fébrile où un public rassemblant une bande de fans de tous âges attendait avec grande hâte le spectacle de Jean Leloup au Carrefour de la mer dans le cadre du Festival acadien de Caraquet. Seuls quelques rabat-joie se plaignaient qu'on ne puisse consommer de boissons alcoolisées au centre de la salle, endroit réservé afin d'accueillir les 18 ans et moins.

Tous ont oublié ce léger détail lorsque, après maintes réclamations, le chanteur se présente enfin sur scène. Avec son groupe de musiciens, il entame son groove de départ qui dure près d'une quinzaine de minutes. Il fait chaud déjà et le public commence à se dérider. Un Edgar tout aussi personnalisé fait monter de plus belle l'excitation que tente tant bien que mal de contrôler Jean Leloup.

Plusieurs délaissent leur bière pour se joindre au joyeux groupe devant la scène. On s'amuse, on rit, on chante. Jean Leloup tente quelques succès qu'il veut étrangement - sans que l'on sache vraiment pourquoi - performer dans le calme. Mais la foule crie et chante. Impertinent, Leloup abandonne ce qu'il a commencé pour protester contre le public "trop énervé" et qui envahit sa bulle créatrice. Il pousse l'absurdité jusqu'à chanter dans l'obscurité, affirmant qu'il "ne voulait pas être vu."

Les cinq musiciens discrets qui accompagnent le chanteur sur scène arrivent tout de même à démontrer leur grand talent. Et tous rient et s'amusent bien lors de cette première partie du spectacle.

La fête se poursuit après l'entracte lorsque Jean Leloup allume la mèche en chantant Alger et Isabelle. La foule est électrisée. Elle en veut toujours plus. Mais l'animal solitaire sur scène ne l'entend pas ainsi. Il début un jam plus coulant et désire que tous suivent son rythme. Mais la grande salle a transmis une hyperactivité difficile à calmer. Se plaignant du son qui n'a pas permis d'apprécier la musique à sa juste valeur, visiblement irrité, le chanteur quitte subitement la scène.

Déroutés, les fans le réclament. Après une longue période d'attente de dix minutes, Jean Leloup revient sur scène seul avec sa guitare. Une tension s'installe entre lui et son public impatient. Une histoire coquine sur une de ses expériences sexuelles laisse le public de glace. Il gratte sa guitare et semble ne pas vouloir comprendre pourquoi le public assoiffé chante avec lui. Quelques pièces sont exécutées, le groupe de musiciens se joint au chanteur de façon expéditive et voilà, ils quittent tous la scène rapidement laissant le public désolé.

Les inconditionnels le réclament pour un rappel, mais la plupart se résignent à quitter le Carrefour, visiblement déçus. En gros, le spectacle donné par cet extraverti était bien loin de leurs attentes.

Jean Leloup fera partie d'un spectacle lors de la fête nationale des Acadiens à Moncton le 15 août prochain. L'enfant-roi du showbusiness underground réservera-t-il encore des frasques dignes de lui? Ce sera à voir.

nadia.gaudreau@acadienouvelle.com
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Dernière mise à jour le 17 août 2003.
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